(suite) par Hélène Max (AFP) 1961
Si PRICERT est apprécié dans les diverses capitales où il se fait connaître c'est parce qu'il sait, dans chaque pays, dans chaque coin du monde, trouver le caractère réel, l'esprit et l'ambiance de ce qu'il peint, la vie intime de chaque lieu, l'éclairage particulier de chaque objet. C'est pourquoi ce peintre est aimé tant par les habitants d'un pays dont il a su exprimer avec justesse le caractère que par ceux des villes lointaines, sûrs qu'ils sont d'apprendre à connaître, par lui, ce qu'il ne verront peut être jamais.
Que de fois se sont joués de petits drames, lorsque PRICERT , une toile terminée, voulait l'emporter hors du lieu où il l'avait exécutée: les gens du pays ne voulaient pas le laisser les priver de "leur" tableau.
Comment s'arracher, en effet, à cette Venise où chantent les ombres riches de la nuit, dont les canaux s'éclaboussent de lumières, comment s'éloigner de cette toile qui fascine par l'éclatement de ses feux chatoyants dans la mobilité silencieuse des eaux sombres, cette grande toile, l'une de ses meilleures, qui émeut par l'angoisse qui s'en dégage et retient par la beauté de ses couleurs.
Les neiges des villes suédoises sur lesquelles tranchent les verts et les rouges vifs des toits peints, surmontés de ciels bas, les bleus profonds des eaux méditerranéennes, les transparences des lacs italiens, les feux de Venise ont trouvé leur peintre-poète, comme ont trouvé leur barde les gitanes espagnoles, les princesses indoues et les clochards de nulle part.
Raphaël PRICERT nous captive par la variété des thèmes traités, nous charme par sa richesse d'expression, nous enchante par la recherche fouillée des nuances les plus rares qu'il arrive à saisir et à nous offrir.